10 anniversaires de grandes expéditions célébrés en 2022

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En 2022, nous avons célébré de nombreux événements historiques, notamment des anniversaires de grandes découvertes et des expéditions majeures.Si vous aimez les récits de grands explorateurs, voici les 10 aventures majeures à redécouvrir.

1 – 05 janvier : 100 ans de la mort d’Ernest Shackleton

Il y a tout juste 100 ans, le 5 janvier 1922, disparaissait l’une des principales figures des explorations polaires et celui qui fut sans doute « le plus grand leader civil du XXe siècle », comme le décrivait John Adair, le célèbre spécialiste britannique du leadership. Mais étrangement, Ernest Shackleton reste largement méconnu en France et vous remarquerez qu’aujourd’hui, aucun journal ou article ne parle de lui. C’est pour rétablir cette injustice et rendre hommage à cet immense explorateur que nous avons décidé de vous raconter son histoire.

Nourri par les romans de Jules Verne, Shackleton a rêvé dès son plus jeune âge d’explorer les océans et de vivre l’aventure. Ainsi, dès 1901, il rejoint l’expédition de Robert Falcon Scott en Antarctique à bord du Discovery qui échoue à 860 km du Pôle Sud. Ses qualités de marins, son audace et son charisme naturel lui valent de se faire rapidement un nom, si bien qu’en 1907, il décide de commander sa propre expédition. Mais à cause du scorbut et des conditions extrêmes, l’expédition Nimrod est contrainte de renoncer à seulement 180 km du pôle.

Cet exploit sans précédent lui confère une popularité exceptionnelle outre-manche et celui que l’on surnomme désormais “The Boss” est anobli par le roi Edouard VII. Mais entre-temps, le norvégien Roald Amundsen a été le premier à atteindre le Pôle Sud en 1911. Dans la « course au pôle Sud », il ne reste désormais qu’une seule grande prouesse à accomplir : réaliser la première traversée à pied de l’Antarctique entre la mer de Weddell (océan Atlantique) et la mer de Ross (océan Pacifique), soit un raid de 3 300 km dans la zone la plus inhospitalière de la planète.

Déterminé à atteindre cet objectif, Shackleton repart donc vers le sud en 1914, à la tête de l’expédition Endurance. Mais en janvier 1915, l’Endurance se retrouve piégé dans la banquise. Après des mois de dérive, Shackleton est contraint d’abandonner le navire qui se disloque et sombre au fond des eaux glaciales. Les vingt-huit membres d’équipage doivent désormais survivre sur d’immenses blocs de glace, avec des températures qui dépassent les -30 °C et en se nourrissant de phoques rencontrés durant leur naufrage.
À l’automne 1915, l’équipage n’a pas d’autre choix pour survivre que de rejoindre l’île la plus proche. Sur 640 kilomètres, ils sont contraints de naviguer et de tirer leurs canots au milieu des blocs de glace qui se disloquent. Mais l’Île de l’Éléphant est tellement isolée, qu’une fois sur place aucun bateau ne viendra à leur rescousse et Shackleton doit tenter l’impossible : rejoindre l’île de Géorgie du Sud, en traversant les mers les plus difficiles du globe sur plus de 1 500 kilomètres, le tout à bord d’une barque de 7 mètres de long.

Les chances de survie étaient infimes, mais s’ils ne tentaient pas ils étaient assurés de mourir. Miraculeusement, après quinze jours d’une traversée épique dans des conditions inhumaines, Shackleton et 4 de ses hommes atteignent enfin les côtes de Géorgie du Sud pour affronter une ultime épreuve. À bout de forces et sans équipement, il leur faut franchir les montagnes et glaciers qui culminent à 3 000 mètres d’altitude, pour atteindre une station baleinière située de l’autre côté de l’île. Trois mois plus tard, ils parviendront à secourir indemnes les membres d’équipages restés en Antarctique.

2 – 12 février : 250 ans de la découverte des Îles Kerguelen

Le 12 février 1772, il y a tout juste 250 ans, le navigateur breton Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec découvrait les Îles Kerguelen, auxquelles il a donné son nom. Il faudra attendre plus d’un siècle après cette découverte pour que la France prenne officiellement possession de ces îles en 1893 puis que les frères Raymond et Henri Rallier du Baty prennent le temps de les explorer.

Perdu à l’extrême sud de l’océan indien, entre le 48e et le 50e degré de latitude sud, l’archipel des Kerguelen est grand comme la Corse et comprend plus de 300 îles et îlots. C’est sur l’île principale (Grande Terre), à 12 540 km de Paris, qu’est situé Port aux Français, qui fait office de capitale et de station scientifique permanente.

Les Îles Kerguelen correspondent à la partie émergée d’un vaste plateau volcanique sous-marin et constituent l’une des rares terres émergées avant l’Antarctique. Ses côtes découpées et balayées par les vents, ses fjords et ses longues baies sauvages, ses impressionnants glaciers et ses imposantes montagnes offrent aux rares voyageurs qui s’y rendent des paysages à couper le souffle.

L’ensemble de l’archipel a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco en tant que sanctuaire de biodiversité. Situés à la convergence entre les eaux froides de l’Antarctique et les eaux chaudes de l’océan Indien, les Kerguelen abritent d’importantes populations de mammifères (baleines, orques, éléphants de mer, manchots royaux) et d’oiseaux marins (albatros, cormorans, pétrels).

3 – 03 mars : 250 ans de la découverte de la Tasmanie

Si l’on attribue généralement la découverte de la Tasmanie au navigateur Néerlandais Abel Tasman, qui fut le premier européen à apercevoir l’île en 1642, on oublie trop souvent que le premier qui débarqua sur cette immense île située au sud de l’Australie fut le Français Marc Joseph Marion du Fresne. C’était le 3 mars 1772, il y a tout juste 250 ans.

Né en 1681 dans une riche famille de Saint-Malo, Marion du Fresne est un personnage hors norme dont la vie pourrait être un roman d’aventures. Embarqué pour la première fois à 11 ans, il obtient le commandement de son premier navire à seulement 21 ans. Puis il devient un corsaire célèbre qui navigue et se bat pour le Royaume de France pendant la Guerre de Succession d’Autriche, puis pour la Compagnie des Indes.

En 1771, Marion Dufresne dirige une expédition dans les mers du sud qui l’amène à découvrir plusieurs îles (île Marion, île du Prince-Édouard et îles Crozet). C’est au cours de ce voyage qu’il débarque en Tasmanie le 3 mars 1772 et établi de premiers contacts avec les aborigènes de l’île. N’y trouvant ni eau ni bois, Marion Dufresne quitte l’île le 10 mars en direction de la Nouvelle-Zélande.

Le 12 juin 1772, Marion Dufresne alors âgé de 47 ans, et 11 de ses hommes décidèrent de débarquer à Bay of Islands mais ils furent enlevés, tués et mangés par une tribu locale. Aujourd’hui, beaucoup de personnes ont oublié ce grand navigateur et explorateur mais celui-ci est resté dans la postérité en donnant son nom au navire de ravitaillement des Terres australes et antarctiques françaises : Le Marion Dufresne.

4 – 02 avril : 40 ans de la Guerre des Malouines

Le 2 avril 1982, il y a tout juste 40 ans, le gouvernement argentin ordonnait l’invasion et l’occupation des îles Malouines, rebaptisées Îles Falkland par les Britanniques qui en assuraient la domination depuis 1833. Mais c’était sans compter sur la détermination de la première ministre britannique Margaret Thatcher, laquelle décida de lancer une opération de reconquête de grande ampleur.

Dans les jours qui suivirent, l’armée britannique mobilisa un corps expéditionnaire de 28 000 soldats et après une guerre de 72 jours (qui coûta la vie à près de 1 000 soldats des deux camps), le conflit se conclut par une victoire écrasante du Royaume-Uni. Cette déroute de l’Argentine a eu de très lourdes conséquences puisqu’elle a précipité en octobre 1983 la chute de la dictature militaire au pouvoir.

Mais on oublie souvent que ce ne sont ni les Anglais ni les Argentins, mais les Français qui découvrirent cet archipel en 1592. Le nom d’îles Malouines fait d’ailleurs référence aux premiers marins colons venus de Saint Malo. Heureusement, de nos jours, il s’agit d’une destination très tranquille qui accueille chaque année quelques voyageurs en quête de grands espaces et d’aventures.

Les 200 îles de cet archipel sauvage et préservé abritent des paysages exceptionnels alternant côtes escarpéesprairies et plages de sable fin. Mais les voyageurs s’y rendent surtout pour découvrir une faune sauvage unique composée de nombreux oiseaux marins comme des albatros, de dauphins, d’otaries à fourrure et surtout d’importantes colonies de manchots (manchot royal, gorfou sauteur, manchot de Magellan, manchot papou, …).

5 – 06 avril : 300 ans de la découverte de l’Île de Pâques

Le 6 avril 1722, il y a tout juste 300 ans, l’explorateur néerlandais Jakob Roggeveen accostait avec trois navires de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales sur une île isolée du Pacifique sud. C’était le jour de Pâques et il décida donc d’appeler cette île mystérieuse l’île de Pâques.

Par la suite, l’île de Pâques a intrigué de nombreux voyageurs, dont James Cook qui s’y rend au cours de son expédition dans le Pacifique Sud en mars 1774. L’île est annexée à la fin du XVIIIe siècle par l’Espagne, les Français s’y installent en 1864 puis elle devient finalement une possession chilienne en 1888

Les premiers habitants arrivés entre 900 et 1200 y ont trouvé un paradis abritant une faune et une flore exceptionnelles. Puis au fil des ans, la déforestation et d’autres catastrophes naturelles ont frappé l’île et la population a commencé à décliner de milliers d’individus à quelques centaines.

En 1995, le patrimoine exceptionnel de cette île perdue à près de 3 700 kilomètres des côtes d’Amérique du Sud a été inscrit au Patrimoine mondial par l’UNESCO. Les voyageurs qui s’y rendent pourront découvrir un patrimoine archéologique unique au monde constitué de milliers statues de basalte et de monolithes monumentaux : les moaïs.

6 – 21 mai : 100 ans de l’expédition britannique à l’Everest

Au matin du 21 mai 1922, il y a tout juste 100 ans, quatre alpinistes sortent de leurs sacs de couchage pour tenter la première ascension de l’Everest. Emmenée par Charles Granville Bruce, l’expédition britannique de 1922 est la première à tenter de gravir la montagne la plus haute et la plus célèbre du monde, mais également la première à utiliser des bouteilles d’oxygène.

L’Empire britannique n’ayant pas réussi à atteindre en premier le pôle Nord ni le pôle Sud, il organise des expéditions pour vaincre le « troisième pôle », le mont Everest et ses 8 849 mètres. En 1921, une expédition de reconnaissance avait commencé à explorer les environs. Celle-ci avait permis d’élaborer des cartes précises et de déterminer que la période d’avril-mai était la plus propice pour tenter une ascension.

La première tentative d’ascension du 21 mai est infructueuse mais permet d’atteindre une altitude de 8 225 mètres, ce qui représente alors un record d’altitude. Après une seconde tentative le 27 mai qui doit être avortée à 8 326 mètres, les alpinistes sont épuisés ou malades mais une troisième ascension est tentée le 7 juin, malgré l’avis du médecin de l’expédition. 

L’expédition britannique de 1922 s’achève sur cette troisième tentative au cours de laquelle sept porteurs décèdent à la suite d’une avalanche déclenchée par l’un des groupes qui tentait d’atteindre le sommet. Malgré l’échec, cette expédition aura un retentissement international et George Mallory accédera à la célébrité. Ce dernier disparaîtra au cours de l’expédition de 1924 lors de laquelle il aurait peut-être atteint le sommet avec Andrew Irvine.

7 – 13 juillet : 250 ans de l’expédition de James Cook dans le Pacifique

Le 13 juillet 1772, il y a tout juste 250 ans, le célèbre navigateur britannique James Cook s’élance à la tête du navire HMS Resolution pour une expédition commandée par La Royal Society, afin de tenter de découvrir le continent que l’on appelle aujourd’hui l’Antarctique.
À la fin du XVIIIe siècle, la concurrence entre les grandes puissances européennes fait rage pour rechercher et conquérir les dernières terres inconnues du globe. Après d’autres explorateurs comme Ferdinand Magellan et Abel Tasman, James Cook décide à son tour d’explorer le Pacifique Sud.

L’objectif de son deuxième voyage dans le Pacifique (1772-1775) est de découvrir la légendaire « Terra Australis », un immense continent austral inconnu qui selon les philosophes grecs comme Aristote, servirait à équilibrer le poids des continents du nord. Au cours de son exploration, James Cook frôle le continent sans l’apercevoir et en conclut que cette grande terre australe n’existe pas.

Malgré cet échec relatif, James Cook est le premier Européen à cartographier les deux îles de la Nouvelle-Zélande, à explorer la côte est de l’Australie, à étudier l’île de Pâques et à découvrir l’archipel d’Hawaï. Son courage et ses exploits exceptionnels expliquent pourquoi James Cook a laissé un héritage et un mythe aussi considérables jusqu’à nos jours.

8 – 14 septembre : 200 ans du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion

Le 14 septembre 1822, il y a tout juste 200 ans un jeune érudit français de seulement 31 ans étudie depuis des mois d’étranges symboles quand soudain, c’est la révélation. Jean-François Champollion vient de déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens, un mystère qui a donné du fil à retordre aux plus éminents savants depuis des siècles.

Ce document sur lequel Champollion a passé tant de nuits blanches, c’est la pierre de Rosette, une stèle de granit qui a été retrouvée quelques années auparavant, lors de la campagne napoléonienne en Égypte. La légende raconte que Champollion se serait alors évanoui en criant à son frère « Je tiens l’affaire !« 

Apparues dans la vallée du Nil vers 3200 avant JC, les hiéroglyphes sont l’une des toutes premières écritures de l’humanité. En étudiant des combinaisons de plusieurs milliers de symboles, il aura fallu seulement une dizaine d’années à ce jeune professeur d’histoire pour reconstituer toute la langue égyptienne.

Aujourd’hui, Jean-François Champollion est entré dans la postérité en tant que fondateur de l’égyptologie moderne. Si vous êtes curieux, vous pourrez découvrir de très beaux exemples de hiéroglyphes lors de votre voyage en Égypte près de la ville de Louxor, dans la Vallée des Rois ou dans le Temple de Karnak.

9 – 17 décembre : 150 ans de la première traversée automobile du Sahara

À l’issue de la Première Guerre mondiale, le projet d’une liaison rapide entre la France et l’Afrique équatoriale commence à faire son chemin et le 17 décembre 1922, André Citroën décide de lancer une flotille de 5 autochenilles sur les pistes chamelières qui relient l’Algérie aux rives du Niger à Tombouctou.

Partis de Touggourt dans le Sahara algérien, Georges-Marie Haardt, Louis Audouin-Dubreuil et une équipe de militaires et géographent ont réalisés cette traversée transsaharienne historique en vingt jours. Ce raid en quinze étapes va permettre d’établir pour la première fois une liaison entre l’Afrique du Nord et le Soudan et ouvrir ainsi une voie d’accès vers des pays du cœur de l’Afrique, qui se trouvaient jusque là totalement isolés.

Cette première transsaharienne automobile met un point final à la longue et lente pénétration du Sahara par l’automobile et l’avion, entre 1910 et 1921. Durant cette époque, des hommes courageux, véritables explorateurs des temps modernes, automobilistes et aviateurs tentèrent de franchir le Grand Erg et le Tanezrouft et certains y laissèrent la vie.
André Citroën a su faire de cette expédition une incroyable publicité pour son entreprise si bien qu’il décida de réitérer cette expérience par la suite : la Croisière noire en Afrique en 1924, la Croisière jaune en Asie en 1931 et enfin la Croisière blanche en Alaska en 1934.

10 – 21 décembre : 150 ans de l’expédition du H.M.S. Challenger

Le 21 décembre 1872, il y a tout juste 150 ans, le H.M.S. Challenger quitte le port de Portsmouth en Angleterre pour réaliser l’une des plus importantes expéditions scientifiques jamais effectuées et qui marque la naissance de l’océanographie moderne. Sa mission : sonder les océans et prouver que les fonds marins ne sont pas désertiques.

Sous l’impulsion de la Royal Society, le gouvernement anglais décida d’organiser cette grande expédition autour du monde dirigée par le naturaliste Écossais Sir Charles Wyville Thomson. À son bord, 250 hommes d’équipage et scientifiques, ainsi que 400 km de câbles, plusieurs tonnes d’équipement et une chambre noire pour le développement des photographies.

Après avoir traversé l’Atlantique, le H.M.S. Challenger longe les côtes américaines pour s’aventurer dans les mers australes. Il passe par l’Antarctique pour remonter par la Tasmanie, le Japon puis il rejoint Hawaï, longe la côte chilienne et passe le Cap Horn avant de terminer son périple en Espagne 4 années plus tard, après avoir parcouru 70 000 milles nautiques et réalisé des investigations à plus de 2 000 mètres de profondeur.

Cette expédition unique a permis d’améliorer la connaissance des reliefs sous-marins et de recueillir de nombreuses données océanographiques concernant la physique et la chimie des océans (température, salinité, densité de l’eau de mer). Celle-ci a également permis de découvrir près de 5 000 espèces marines inconnues.

Publiées entre 1878 et 1895 sous forme d’une cinquantaine de volumes, les découvertes et les relevés de l’expédition du H.M.S. Challenger servent encore aujourd’hui de référentiel aux expéditions océanographiques. L’expédition a également donné son nom au point océanographique le plus profond, le Challenger Deep, et à la navette spatiale Challenger.

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